lundi 26 octobre 2009

Rouen, Rue eau de Robec, un dimanche...






Chapitre 6 -Petit Journal Gratuit-



Dimanche 9 Août

  
Il était plus de 19h lorsque j’ouvris la porte de chez moi. Nous étions dimanche et j’avais un cafard monstre. Je venais de passer le plus magnifique des week-ends et maintenant, c’était fini, retour à la réalité. Mon appartement était mignon et cosy certes mais je ne pouvais m’empêcher de le comparer à celui de Boris. Un large atelier d’artiste mansardé avec vue imprenable sur la Seine et Notre Dame de Paris. Et puis surtout Boris me manquait. Avec lui j’aurais même pu vivre dans un taudis grouillant de cancrelats. Avec lui la vie réelle semblait tellement plus douce. Nous avions décidé de nous retrouver la semaine prochaine. Je comptais déjà les jours. David Bowie avait retrouvé sa voix, c’était déjà un point positif. J’eus droit à un concert ininterrompu de miaou de toutes nuances pendant dix bonnes minutes. Malheureusement, ne parlant pas encore couramment le chat, je ne savais pas trop quoi en penser. Me disait-il « Super t’es rentré mon petit maître adoré ! » ou bien « Putain ! Si c’est pour jamais être chez toi, fallait mieux prendre une plante verte, maître à la con ! ». Bizarrement, je penchais quand même pour la seconde proposition. Résolu à me faire pardonner, je lui donnai un sachet entier de pâtée petits pois/lapin qui eut pour effet de lui couper le sifflet automatiquement. Voilà ce dont j’avais besoin, de la tranquillité pour pouvoir faire le point posément et surtout, retrouver la totalité de mes esprits.

Bien entendu, ce silence cotonneux ne dura que quatre minutes chrono et fut brisé par le vibreur de mon téléphone. Pas besoin de regarder l’écran, je savais déjà qu’il s’agissait de Norma.
« Hey ! C’est bien toi que j’ai entendu dans l’escalier ?
- J’imagine que cette question est purement rhétorique. Tu sais très bien que c’est moi !
- Oui bon j’avoue, cette approche qui se voulait très fine est un pur échec. Alors ? Alors ? Tu racontes quoi ? C’est l’amour fou ?
- Euh, oui je crois qu’on peut appeler ça comme ça. C’est très bizarre en fait.
- Quoi ?
- Je n’ai jamais vécu un truc comme ça.
- Faut que je te rafraîchisse la mémoire ? Avec Elias c’était un peu ça aussi quand même.
- Ça avait mis plus de temps. C’est tellement soudain là. Et puis Boris est tellement différent d’Elias. Il me manque déjà, tu te rends compte Norma ? Je suis en train de devenir comme ces gens niais que je déteste d’habitude. J’ai l’impression d’être une moule accrochée à son rocher.
- Très jolie métaphore.
- Oui je trouve également. Tu veux monter ? Je dois bien avoir un fond de vin blanc qui traîne dans le frigo.
- Je suis avec Clara là.
- Oh non pas elle ! Ben montez toutes les deux ! Allez zou ! »

Trois verres de Chardonnay plus tard.
« Et donc, tu le revois quand ?
- Vendredi prochain. J’ai tellement hâte ! Il est si beau !
- Génial… Tu l’aimes juste parce qu’il est beau ? C’est nul. Heureusement que tout le monde ne fonctionne pas comme toi parce que sinon moi j’aurais plus qu’à aller m’enfermer au couvent des Ursulines. Du haut de mon mètre 53 j’aurais plus qu’à me pendre.
- Encore faudrait-il que tu trouves un escabeau à ta taille. Et ça c’est pas gagné…
- Ha ha ha. Merci pour ton soutien vieille garce ! Tout le monde n’a pas la chance d’avoir des gros seins et d’être monté sur pilotis.
- Euh, question nichons, tu ne peux pas trop te plaindre Norma.
- Bon, ça y est, les deux mégères ont fini de se crêper le chignon ? Je voudrais encore vous éclabousser mon bonheur au visage. Non mais sérieux, Vous ne trouvez pas ça louche vous ? Y’a encore une semaine, j’étais au fond du trou en train de manger les pissenlits par la racine.
- C’est le karma ça. La roue tourne comme dirait  la célèbre philosophe Zaho ! »

Puis on a commencé à avoir faim alors Maïté et Micheline ont proposé de faire une tarte. Assis, sur mon canapé, David Bowie sur les genoux, je repensais à son visage, son sourire. J’avais beau tourné cette rencontre dans mon crâne, je ne comprenais pas comment tout ça m’était arrivé. Je n’avais pas l’habitude de prier Dieu mais là j’avais presque envie de lui dresser un autel. Mon téléphone [toujours lui] me ramena à la réalité et fit, par la même occasion, sursauter le chat qui se carapata dans ma chambre non sans faire quelques dérapages incontrôlés sur le carrelage du salon.
« Putain les filles ! Il arrive !
- Qui ça ?
- Ben son Boris ! T’es cruche ou quoi ?
- Oui Boris. Il est dans le train là, il arrive dans cinquante minutes. Il me dit dans son message de ne pas venir le chercher, qu’il va trouver mon immeuble tout seul.
- C’est trop cool. Si ça c’est pas le Grand Amour, je ne m’appelle plus Clara !
- Mais non c’est pas trop cool ! Vous avez vu l’état de mon appart ? Je ne peux pas l’accueillir dans ces conditions !
- Exagère pas. De toute façon, tu ne rivaliseras jamais avec son appart de bourge.
- Ça ne me remonte pas trop le moral ça. Y’a trop de bordel. Et puis la litière de David pue et les draps ne sont pas changés.
- Toi occupe toi des draps et Clara et moi on va changer la litière et passer l’aspirateur. Et puis brûle un peu de papier d’Arménie pour l’odeur.
- A ce niveau là, c’est plutôt l’Arménie toute entière qu’il faudrait brûler. Deux feuilles ne vont jamais suffire. »

J’eus même le temps de faire la vaisselle qui squattait mon évier depuis trop longtemps. Bon ça n’était pas encore Versailles mais c’était déjà mieux. Et puis à dire vrai, on ne doit pas se sentir très à l’aise à Versailles, la déco est un tantinet chargée quand même.
« Merci vraiment les filles, je ne sais pas ce que je ferais sans vous.
- Certainement pas grand chose. Tu vivrais dans ta crasse, tu aurais des poux, des puces et j’en passe.
- Ouais, même ton chat serait plus évolué que toi c’est peu dire !
- Vous croyez que je devrais quand même aller le chercher à la gare ?
- S’il t’a dit que c’était bon, laisse le faire. Faudrait pas commencer à l’infantiliser. C’est ton copain, pas ton môme. Et puis il va être amené à faire ce trajet assez souvent. Autant qu’il l’apprenne dès maintenant. 
- Je crois que j’ai besoin d’un joint.
- T’es sûr que ça va Simon ? C’est pas tous les jours que je t’entends dire ça. Je vais te chercher ça !
- Et moi je rentre. Tiens moi au courant surtout ! Je suis contente pour toi tu sais.
- Merci pour tout Clara. »

Le joint fut vite terminé. Je fixais l’horloge de mon magnétoscope. Le temps ne passait pas. Je me sentais un peu plus calme. Il n’allait plus tarder maintenant. J’avais peur qu’il trouve mon intérieur miteux. C’est vrai que j’habitais une des plus jolies rues de Rouen mais c’était loin de faire le poids face à son appartement digne d’un magazine de déco. De toute façon, chez Boris, tout semblait sortir d’un magazine. Lui déjà, même s’il avait nié avoir fait la couverture d’un magazine que j’achetais souvent [j’étais convaincu du contraire]. Son appartement qu’on trouverait aisément dans Elle Décoration. Et son compte en banque aussi. Un article passionnant pour Capital. Bref, moi, j’étais juste un tout petit journal gratuit à côté. Un truc inintéressant imprimé sur du mauvais papier. Autant être lucide. Je voyais très bien le genre d’articles qui auraient pu me concerner.
  • Votre Physique : Apprenez à faire avec, malgré tout.
  • Votre Appartement : Des solutions pour enfin venir à bout de l’humidité.
  • Votre Budget : Collectionnez les bons de réduction pour faire de vraies économies.
Pas très reluisant tout ça. L’interphone retentit. Machinalement je regarde à la fenêtre. Il me voit, me sourit.
Je lui ouvre en priant pour qu’il ne remarque pas tout de suite que lui et moi nous ne venons pas vraiment du même kiosque à journaux.

lundi 19 octobre 2009

Chapitre 5 -15 ans à nouveau-



Samedi 8 Août


Un bruit lointain qui me semblait familier m’extirpa du profond sommeil qui m’enveloppait. J’avais l’impression d’avoir hiberner. La bouche pâteuse, les yeux collés, les membres comme du coton il n’y a pas à dire je devais avoir l’air très glamour. Toujours ce bruit. Encore et encore. Cette petite mélodie guillerette. Où l’avais-je déjà entendue ?
« Oui allo ? »
J’y suis ! C’est la sonnerie de mon portable ! Mais si ce n’est pas moi qui ai décroché, qui est-ce alors ? Je ne reconnais pas cette voix. Je devrais peut-être ouvrir les yeux. Non j’ai trop peur.
« Ah oui salut Norma ! Tu vas bien ? Bien dormi ? »
Qui parle à ma meilleure amie ? Où est-elle d’ailleurs cette garce ? On n’a pas dormi au même endroit ? Elle m’a laissé avec un inconnu ? Mais où suis-je ? Ma tête me fait affreusement mal.
« Ben non il dort encore. Faut dire qu’il était pas très en forme quand on est partis. »
Mais oui ! La soirée d’Eléanore ! C’est vrai que j’étais un peu minable en fin de soirée. Ça doit être son frère alors. Comment il s’appelle déjà ? Brice ? Non Boris !
« Oui pas de problème, je lui dis de t’appeler dès qu’il est en état. Je t’embrasse. A plus ! »
Bon je ne vais pas jouer à la Belle Endormie pendant trois siècles, allez Simon, prends ton courage à deux mains !
Eh, c’est plutôt classe chez lui. J’ai l’impression d’être dans un atelier d’artiste. Putain la vue ! Je ne savais pas qu’on pouvait voir Notre Dame d’aussi près ! C’est Quasimodo ou quoi ce type ? Pourquoi je suis à poil ? Oh non…


« Ah ça y est tu es réveillé ? T’as sacrément dormi ! Ça va mieux ?
- Euh oui je crois. Un peu mal à la tête c’est tout.
- J’ai du doliprane si tu veux ?
- Ah oui je veux bien. Mais pourquoi j’ai dormi là ?
- Attends je vais enfiler un truc et je reviens. »
Mais c’est un canon ce type ! La dernière fois que j’ai vu un garçon comme lui c’était dans Vogue hommes ! Ça existe donc vraiment ? Mais qu’est ce qu’on a bien pu faire ensemble ? C’est la première fois que je dors avec un mec aussi beau et je ne suis pas foutu de me souvenir de quoique ce soit !
« Voilà, je suis un peu plus présentable quand même. Je t’ai amené ici parce que t’étais dans un tel état que tu avais besoin d’un vrai lit pour dormir. Et tous les lits chez Eléanore étaient déjà occupés. Ou pas en mesure de recevoir du monde. Donc on a pris un taxi. J’avais le consentement de Norma je te rassure ! Ah merde, ton doliprane !
- Elle est où d’ailleurs Norma ?
- Toujours chez Eléanore. Il faut que tu la rappelles quand tu pourras. Elle a appelé et je me suis permis de décrocher.
- T’as bien fait. En tout cas j’ai vraiment bien dormi. Je n’ai pas trop bougé au fait ? Quand je suis bourré, j’ai tendan…
- Je n’en sais rien du tout. J’ai dormi sur le canapé moi. »
Ouf. Je suis sacrément soulagé. Mon honneur est intact.
Non, en fait, je suis dégoûté. Pourquoi ? Mais pourquoi ?
« Tu veux du café ? Ou des croissants ? Du thé ? Des tartines ? Un jus d’oranges ?
- Ben dis c’est mieux qu’à l’hôtel ici ! Juste du café s’il te plaît. Euh sinon, tu peux me dire où sont mes fringues ?
- Juste là sur le fauteuil. Je t’ai tout enlevé, je n’aurais peut-être pas dû. Attends je te donne ton caleçon. »
Et voilà, je n’ai plus qu’à aller me terrer dans une caverne en Afghanistan après une telle phrase dans une telle bouche. C’est comme si Brad Pitt au premier rendez-vous te disait « Attends bouge pas, je t’apporte un cure-dents pour virer le bout de persil que t’as entre les dents. »


Il était déjà 14h30 quand je suis enfin sorti de son lit. Malgré tout ce qu’il pouvait raconter sur lui, Boris restait un mystère total. Je ne savais pas s’il aimait les garçons ou les filles, s’il faisait tout ça pour moi dans un but purement altruiste. Une chose était sûre, j’avais du mal à rester insensible.
« Tu vas faire quoi de beau aujourd’hui ? T’as des trucs de prévu ?
- Je vais certainement attendre que Norma finisse de travailler et on va rentrer à Rouen tous les deux. Je ne peux pas laisser David Bowie trop longtemps tout seul.
- David Bowie ?
- C’est mon chat. Il a les yeux vairons, voilà pourquoi.
- Ah ok. Ah ah ah. »
Même son rire me faisait frissonner. Je commençais à me dire que ce garçon n’était pas humain. Bien trop parfait pour ça.
« Et toi tu vas faire quoi ?
- Je dois aller aider Eléanore à ranger son appart mais je ne sais pas si je vais y aller tout compte fait. Tu veux qu’on passe la journée tous les deux ?
- Euh. Je ne sais pas trop. Oui. Enfin, pourquoi pas.
- Tu préfères certainement rester seul, je vais te laisser respirer dans ce cas. »

Finalement, nous avons passé la journée ensemble. Nous avons mangé des glaces pêche/melon assis dans le jardin du Luxembourg. Puis nous avons marché près du canal Saint-Martin, nous nous sommes assis et avons regardé les gens qui passaient. Ma voix tremblotait. J’avais du mal à le regarder dans les yeux. Je me sentais comme un collégien qui découvrait l’amour. J’étais tellement niais parfois. D’habitude, je me faisais l’effet d’un vieux briscard des relations gay. Là, j’avais tout oublié. J’étais à nouveau un jeune homme vierge et innocent. Puis nous nous sommes quittés en nous promettant de se revoir. Nous échangeâmes nos numéros. Une bise et il s’était déjà engouffré dans le métro en faisant se retourner trois jeunes filles qui lui sourirent bêtement en le voyant passer. Pour la première fois en plusieurs semaines, j’avais réussi à oublier Elias. J’étais sur un petit nuage rose escorté par trois hirondelles tenant dans leurs becs des rubans multicolores. La vie était belle. Je n’avais pas envie de rentrer ce soir, je voulais déjà le revoir. Je ne savais pas ce que lui voulait, ce que lui pensait ou ressentait. Une fois encore, je me faisais un trip à la Lelouch. Le genre de truc où deux personnes qui s’entendent bien, finissent forcément grâce à la force du Destin par devenir amants et par marcher main dans la main [les yeux dans les yeux] sur la plage de Deauville. Chabada bada, chabada bada.
Je me devais de retrouver Norma le plus vite possible pour qu’elle me force à revenir sur Terre. Elle avait le don pour toujours chasser les petits nuages roses et les hirondelles à grands coups de balai. Une vraie mégère celle-là. Il était 20h. Elle devait déjà m’attendre. Il était temps de lui exposer la situation et de réclamer sa précieuse aide.
« Mais c’est génial ! J’en étais sûre qu’il était gay ! Ça se voit trop ! Non mais t’as vu comment il rentre son pantalon dans ses baskets ?
- Ah ? C’est un signe de gay attitude ça ?
- Ben ouais ! T’es vraiment has been quand tu t’y mets.
- Moi j’ai quand même de gros doutes. Je crois que c’est juste un copain et rien d’autre. Et puis franchement, tu l’as vu lui et tu m’as vu moi ? On ne joue pas trop dans la même division.
- T’es vraiment trop bête. Va le voir ! Tu risques quoi ? Je suis sûr qu’il sera content. Tu veux que j’appelle Eléanore pour lui demander des renseignements sur la sexualité de son frère ?
- Mais oui ! Bien sûr ! Appelons-la ! En attendant faut qu’on se dépêche sinon on va louper notre train.
- Non, non, non. Tu ne peux pas partir comme ça. C’est hors de question ! En plus le train est pas maintenant donc trouve une autre excuse.
- J’ai peur Norma. Il m’intimide. J’ai l’impression d’avoir 15 ans avec lui.
- Ça ne peut pas te faire de mal de croire que t’as 15 ans et que tu connais rien à l’amour. Je pense que t’as besoin de tout recommencer et d’oublier les salauds qui t’ont bousillé en mille morceaux. Tu ne crois pas ?
- Certainement. Mais et Elias dans tout ça ? Ça sera vraiment fini si je fais quelque chose.
- Mais c’est vraiment fini Simon. Tu crois que lui il se pose toutes ces questions quand il baise sa copine et qu’il lui fait un gamin ? Arrête de penser à lui. Pense à toi. A toi et à Boris. Ou n’importe qui d’autre même mais plus Elias ! Tiens pense à toi et à ce guitariste si tu veux !
- Oui c’est  vrai qu’il est mignon. Puis c’est pas mal ce qu’il joue. Mais attends ! Ça doit être le type dont parlait le copain d’André hier soir. Le Mystérieux Musicien de Beaubourg ! Bref, là je m’égare, ce n’est pas la question.
- Alors tu fais quoi ? Tu vas le voir ou pas ? Je ne sais pas.
- Prends ton portable et envoie-lui un message. Allez ! Exécution ! T’as son numéro au moins ?
- Oui, oui. Oh, j’ai un message de lui. Je n’ai pas entendu mon téléphone.
- Comme d’hab. Et alors il dit quoi ? »


Il disait ce que j’espérais qu’il me dise. Et même bien plus. Qui parlait encore comme ça de nos jours ? Il me faisait la cour. C’était tellement désuet mais tellement excitant. Je n’avais plus de temps à perdre. Je laissai Norma sur le parvis de Beaubourg, hypnotisée par les mélodies du jeune inconnu. Dans le métro, je relus son message encore et encore. S’il était vraiment à la hauteur de ce message alors je devais me préparer à vivre la plus belle des aventures.

Depuis tout à l’heure, je n’ai qu’une seule envie.
Replonger mon regard dans le tien.
Refrôler la douceur de ta main.
Caresser de ma main tes cheveux
et t’embrasser encore et encore.
Tu me manques Simon.
Si mon envie est partagée,
retrouve moi devant Notre Dame à 21h.
Tu me reconnaîtras aisément,
mon amour pour toi m'illuminera le visage.





dimanche 11 octobre 2009

Chapitre 4 -La Soirée du Siècle-



Vendredi 7 & Samedi 8 Août


« Salut vous ! C’est trop génial que vous soyez venus! Posez vos affaires où vous voulez. Dans le petit cabinet par exemple, ça sera trop parfait. »
Celle qui parle là c’est Eléanore. Fille de grand patron, petite fille de ministre. Etudiante en histoire de l'art en Sorbonne [oui quand on va à la Sorbonne on dit qu’on va en Sorbonne]. Son appartement, rue de Miromesnil, donne sur la Madeleine. Appartement n’est peut-être pas le terme exact en fait. Moi j’ai un appartement. Norma aussi. Elle non. Elle a un ensemble de pièces tellement impressionnant qu’on y trouve même un petit cabinet. Elle parle comme on l’imagine, avec un accent aristocrate tellement prononcé que sa voix traîne pendant des secondes interminables à la fin de chaque mot. Mais bon ça va, on s’y fait vite.
« Ok merci Eléanore.
- Pas de souci. Surtout faites comme chez vous. Il y a à boire un peu partout. Et vous allez être contents, André et Oliver sont déjà là. Moi je file, Boris veut me voir dans le grand bureau.
- Toutes les pièces de son appartement ont un adjectif qui les précède ? Le petit cabinet, le grand bureau, les légendaires chiottes et la magistrale cuisine aussi ?
- J’avoue, c’est grotesque. Et c’est qui André et Oliver au fait ?
- Aucune idée mais ayons l’air content quand on les verra. »
[…]
« Et donc, tu vis à Rouen ? C’est tellement excitant !
- Ouais c’est sympa. J’aime bien cette ville.
- Tu m’étonnes ! La cathédrale, la Seine ! Quel fleuve magnifique ! J’adore !
- Oui enfin c’est la même eau crasseuse qu’à Paris…
- Et t’as un copain en ce moment ? Non, ne dis rien, j’imagine déjà la réponse.
- Non pas en ce moment.
- Quoi ? Un si joli garçon comme toi ! Mais c’est dingue ça ! »
Voilà André. Il représente tout ce qui me donne envie de hurler et de partir en courant chez un garçon. Il est en short beige, chaussures bateau, polo Lacoste rose et petit pull bleu marine Ralph Lauren sur les épaules. Quand il fume on dirait Marlène Dietrich. Il est pathétique. Et pourtant, il me divertit.
« Moi aussi figure toi ! On imagine toujours que j’ai quelqu’un sous le coude mais c’est complètement faux. Ça m’arrive aussi d’être aux abois.
- Putain André je ne t’ai pas raconté ! Je l’ai revu le mystérieux musicien de Beaubourg !
- Non ?
- Si ! Toujours aussi mystérieux. Il est terriblement attirant. Je lui ai même donné une petite pièce aujourd’hui. Il m’a souri !
- Non ?
- Si ! Je te jure ! Je craque complètement ! Ah salut au fait, moi c’est Jean. Et toi c’est quoi ?
- Lui c’est Simon et c’est chasse gardée alors va voir là-bas si j’y suis ! Allez hop hop hop !
- Non mais ne t’inquiète pas. De toute façon moi j’en ai que pour Mon Mystérieux Musicien ! Enchanté en tout cas Sacha !
- Simon c’est Simon crétin ! Quel abruti ce type ! Il devrait arrêter la coke ça lui carbonise les neurones, déjà qu’il n’était pas très fourni de ce côté-là. Ni de l’autre côté d’ailleurs.
- Et c’est qui ce mec à Beaubourg ?
- Rien qu’un pauvre guitariste sur qui il fantasme depuis quinze jours. Il est ridicule. Il m’a traîné là-bas la dernière fois, je trouve qu’il n’y a pas de quoi se relever la nuit. Bref passons !
- Alors on s’amuse comme des petits fous les gars ? André tu devrais aller voir dans la salle de bains, y’a Eric et Samuel qui s’amusent à mettre des Ipod dans la baignoire remplie de jus de goyave ! C’est démentiel !
- Trop bien ! Mais dans quelle salle de bains ? La bleue ou la jaune ?
- Euh il me semble qu’elle est verte.
- Ah oui c’est vrai ! J’oublie toujours qu’il y a aussi une salle de bain verte ! A plus !
- Putain tu m’as sauvé la vie. J’en pouvais plus. C’est donc ça la soirée du siècle ? Il est que deux heures du matin et je m’ennuie à mourir. J’ai l’impression d’être dans un mauvais épisode de Skins où tout sonnerait horriblement faux. Et puis pour les beaux mecs tu repasseras !
- T’es trop difficile. Ils ne sont pas si moches. Lui ça allait non ?
- Quoi ? T’as pas vu son vieux cul ? Et je ne te parle pas de sa coupe à la Zac Efron sous lexomil. Beurk !
- T’es dur. Bon allez viens t’amuser ! T’as pas l’air dans ton assiette ce soir. T’es sûr que ça va ? C’est Elias encore ?
- Non c’est pas lui pour une fois. C’est Pierre mais j’ai pas le droit de t’en parler. C’est à lui de le faire.
- Qu’est ce qui se passe ? Il a rechuté c’est ça ?
- Mais non c’est pas du tout ça. Il part. A Goa, à la fin du mois. J’aurais pas dû te le dire…
- Quoi ? »
Cette formidable discussion qui n’allait pas du tout plomber l’ambiance [quelle ambiance ? vous voyez une ambiance vous ?] fut interrompue par une Eléanore en soutien-gorge qui débarqua une bouteille de champagne à la main. Norma ne comprenait rien au soudain départ de Pierre et ce n’était plus maintenant que j’allais pouvoir lui en parler. Et de toute façon, j’en avais déjà trop dit.
« Hé Simon ! Y’a Boris qui voudrait te voir dans la cuisine.
- Ah bon ? Pourquoi moi ? Je ne lui ai jamais parlé en plus.
- Pourquoi pas toi d’abord ? Vas y, il est dans la cuisine, faut pas avoir peur.
- La grande ou la petite ?
- La grande ou la petite quoi ? Je ne comprends pas. Tu veux trop me prendre pour une godiche parce que je suis un peu bourrée. Je sais encore ce que je dis tu sais. Allez vas y, il aime pas attendre.
- Y’a qu’une seule cuisine ?
- Ben oui, on n’est pas à Versailles ici ! C’est simple chez moi !
- Et à quoi il ressemble ce Boris ? Et c’est qui d’abord ?
- T’auras pas à chercher trop longtemps, c’est le plus beau. Allez enjoy ! Oh et tiens prends ma bouteille pendant que tu y es ! »

Sentant déjà le coup fourré à plein nez, je me dirigeai vers la cuisine d’un pas plus que lent et accessoirement approximatif. En chemin [il me fallut plus de deux bonnes minutes pour localiser la cuisine], j’aperçus André cul nu avec un garçon boutonneux nu tout court. Je vis aussi deux filles occupées à jeter des œufs sur un mur qui n’avait rien demandé. Et plein d’autres trucs aussi mais je ne m’en souviens plus très bien. Une dernière longue gorgée de champagne et j’étais dans la cuisine. En effet, ce ne fut pas très difficile de trouver Boris, il était très beau mais surtout tout seul dans la pièce.
« Alors c’est toi Simon ? Norma m’a beaucoup parlé de toi tu sais. Je suis Boris, enchanté.
- Euh oui enchanté. C’est drôlement calme ici.
- Ouais j’ai viré les gens pour qu’on soit un peu tranquilles pour discuter. Tu veux boire un truc ?
- Oh non c’est gentil mais Eléanore m’a passé sa bouteille. D’ailleurs je ne sais pas ce qu’il y avait là-dedans mais c’était drôlement costaud. Tu la connais comment toi Eléanore ?
- C’est juste ma sœur. Ma jumelle.
- Ah ok ! Tu voulais me dire un truc alors ?
- Je voulais juste faire ta connaissance. Je t’ai vu arriver tout à l’heure et tu m’avais l’air différent de tous ces autres baltringues.
- Arrête, tu dois dire ça à tous les mecs que tu dragues.
- Qui te dit que je te drague ? Je ne suis peut-être même pas homo d’ailleurs.
- Ah oui…c’est vrai. Excuse-moi. J’ai un peu tendance à croire que tous les mecs sont pédés.
- Et puis je voulais te voir parce que Norma m’a dit que tu n’allais pas très bien, que tu as du mal à te remettre de ton histoire avec un mec donc si je peux être utile, ça me ferait plaisir de t’aider. Je fais de la philosophie tu sais, ça peut aider à voir la vie autrement. »
Puis il me prit la main et me sourit. Un sourire que je ressentis comme profondément gentil et chaleureux. D’un autre côté, le monde autour de moi tournoyait tellement que je ne devais pas le percevoir d’une manière très précise. Il alla fermer la porte de la cuisine. J’avais envie de vomir. Je m’agenouillai, trop mal pour rester debout. Il s’approcha.
Et puis… Et puis plus rien.




La cathédrale de Rouen et son parvis










lundi 5 octobre 2009

Chapitre 3 -Tout s'estompe-


Vendredi 7 Août



Mon bronzage est déjà en train de disparaître. Bon évidemment un bronzage breton n’a pas la qualité d’un bronzage méditerranéen mais quand même j’étais en droit d’espérer que mon bronzage dure plus que deux malheureuses petites semaines. Nous sommes début Août et je donne déjà l’impression du pauvre type parti en vacances en Mars à Berck-plage. Mon réveil vient de sonner et je suis déjà en train de faire le point sur ce qui ne va pas. C’est tout moi ça. Il faut dire aussi que je ne la sens pas du tout cette journée. Un pressentiment. Je me trompe rarement. Je regarde mes bras, mon bronzage qui s’estompe quand soudain je m’interroge sur le temps qu’il fait. J’espère tellement que le soleil est de la partie. David Bowie dort à côté de moi, allongé de tout son long, les pattes en avant comme s’il se préparait à sauter dans une immense piscine de croquettes. Ses moustaches bougent toutes seules. Lui n’a pas l’air d’appréhender cette journée. Lui n’a pas d’interrogations existentielles concernant le temps qu’il fait. Moi, si.

Tant bien que mal, je me lève suivi de très près par le chat qui à peine réveillé flaire l’odeur du bon lait que je vais lui donner. Je mets en route la cafetière qui fait un bruit de moissonneuse batteuse. Il est peut-être temps de la détartrer. Ça ne sera finalement pas la peine puisque trois minutes plus tard, elle rend l’âme dans un dernier vrombissement lugubre. Je peste. Sans café, je n’ai pas forme humaine. Puis je réalise que c’était Elias qui avait ramené cette cafetière. Que lui était comme moi, il avait un besoin vital de sa dose de caféine matinale. Je pleure. Une fois de plus. Comme tous les jours. Je reste là, planté comme un crétin devant cette objet qui lui aussi m’a fait faux bond. Tout fout le camp. Il ne reste plus rien de lui. A peine deux tee-shirts [j’en porte d’ailleurs un pour dormir] et quelques bouquins. Je le revois faire le café le matin. Il ne voulait jamais que je le fasse. Je le revois se verser un bol plein de ce noir nectar. Je le sens tellement partout ici. Je le vois encore sous la douche. Je repense à sa manie de me parler pendant qu’il se lave alors que moi, occupé à faire autre chose, je ne l’entends qu’à moitié. La plupart du temps je devais le rejoindre dans la salle de bain pour l’entendre et comprendre qu’en fait, il aimerait bien avoir un savon qui sente la crème brûlée ou un autre truc futile du genre. Ce sont des instants comme ça qui me manquent. Son départ a été tellement brutal. Voilà pourquoi cette journée sentait le sapin. David Bowie est déjà parti se recoucher. J’aimerais échanger ma vie avec la sienne. Quoique me lécher le trou de balle… Fermement décidé à ne pas me laisser pourrir mon groove par un appareil électroménager et une ombre du passé, je décide d’aller frapper chez Pierre pour lui proposer un petit café au Son du Cor.
« Oh c’est cool que tu sois là, j’allais justement venir te voir. T’es libre pour manger un bout ce midi ?
- Euh attends laisse moi consulter mon carnet de bal. Oui bien sûr !
- Tant mieux. Il faut que je te parle d’un truc. Dame Cakes ça te dit ?
- Ouais carrément ! Ça fait une éternité !
- Pareil pour moi. Tu voulais quelque chose au fait ?
- Juste savoir si tu voulais aller boire un café. Ma cafetière est tombée en rade. Mais bon c’est pas grave, vu qu’on se voit dans une heure. Je peux attendre un peu.
- Ben non, entre. Je viens d’en faire couler. Par contre, comme d’habitude, fais pas gaffe au bordel. »

Finalement, nous ne sommes pas allés chez Dame Cakes. Pierre avait besoin de parler et moi j’avais besoin d’écouter les problèmes de quelqu’un d’autre que moi. Je commençais vraiment à me saouler. Il n’allait pas bien et je le savais. Seulement, j’avais peur de lui poser la question. J’avais eu la peur de ma vie quand on l’avait retrouvé inanimé dans son appartement il y a quatre mois. Coma éthylique. Il avait bu tout ce que son appartement comptait d’alcools forts. Pas pour en finir, juste parce qu’il avait eu envie de boire quelques verres. Il s’était effondré et était resté comme ça pendant des heures. Alors il avait décidé de se soigner et de tenter d’oublier toutes ses années de beuverie exagérées où il terminait à chaque fois dans des états improbables. Si c’était le bordel dans son appart, ce n’était pas mieux dans sa tête.
« Je crois que je vais aller m’aérer tu sais. J’en ai besoin. Partir un peu.
- Oui je crois que c’est une bonne idée. Tu vas aller où ? Dans ta famille en Vendée ?
- Je sais pas trop. Je crois pas non. Je n’ai pas envie d’affronter leurs regards soit compatissants soit plein de reproches. Je suis pas trop de taille pour le moment. Tu reveux du café ?
- Oui pourquoi pas. Ou du thé si tu as. Je crois que je commence à suinter le café par tous les pores de ma peau en fait.
- Ok, pas de problème. Depuis que je suis sorti de cure, je suis devenu une sorte d’expert en thé. Lapsang Souchong, Earl Grey, thé vert ou vanille/noisette ?
- Thé vert please. En tout cas une chose est sûre, depuis ta cure, tu as meilleure mine.
- Ouais t’as vu ? C’est dingue les saloperies qu’on peut boire. Et puis j’ai dégonflé aussi. Je me sens plus léger.
- Oui tu es encore plus beau maintenant [voici une de mes phrases fétiches pour le faire succomber à mon charme ravageur, j’en use et abuse sans résultats pour le moment. Mais je ne désespère pas !]
- Non Simon ce n’est pas encore aujourd’hui que ça marchera. Bien tenté en tout cas.
- Je sais, je t’aurai un jour. Bon et sinon, tu voudrais aller où alors ?
- J’en sais vraiment rien.
- On peut y réfléchir ens…
- Non en fait, je sais. Enfin j’en ai une petite idée mais je ne sais pas.
- C'est-à-dire ? Je comprends pas trop là. Tu sais ou tu sais pas ?
- Tu te souviens de Alberto ?
- Ton pote mexicain qui est parti ouvrir un bar je sais plus où ?
- En Inde, à Goa.
- Tu vas aller à Goa ?
- Oui je crois que je vais y aller.
- Trop classe les vacances, il doit y avoir plein de beaux mecs là-bas.
- Je crois que je vais y aller un peu plus longtemps que pour des vacances en fait.
- Ah ouais ?
- Ouais, je sais pas trop comment te le dire.
- Comment me dire quoi ? T’y vas plus longtemps ok ! C’est cool ! T’en as bien besoin je crois.
- Je vais m’y installer. Je pars à la fin du mois.
- Comment ça ? Et ton appart ? Tes meubles ? T’as l’argent pour y aller ? Tu vas dormir où ? Excuse, mais je tombe de haut là. On va plus se voir alors ?
- Commence pas Simon. Tout de suite le mélodrame. Mais pleure pas. »
C’est la première fois qu’il me prit vraiment dans ses bras. J’en avais souvent rêvé, seulement je n’imaginais pas que ça serait dans de telles conditions. Il avait déjà tout prévu. Il allait rendre son appartement [son père étant le propriétaire ça aidait], vendre ses meubles et ses affaires [sa gigantesque collection de vinyles des années 70] pour se faire de l’argent et il vivrait en colocation avec Alberto. Ça faisait des semaines qu’il planifiait ça et j’étais le premier à qui il osait en parler. Je serai aussi le dernier à m’en remettre.

On a passé le reste de la journée à regarder des films et à boire du thé. Je ne voulais pas le lui montrer mais j’avais peur de ne plus jamais le revoir. Je sais que tout s’estompe. Tout s’en va. Les cafetières, le bronzage, l’amour. J’ai peur que pour lui ça soit pareil. J’ai beau le regarder, m’imprégner de son image, j’ai la trouille de me lever un matin et que son absence ne me fasse plus rien. Ni chaud ni froid. Il ne tient qu’à nous que ça n’arrive pas.

Il était 18h quand j’ai fini par quitter son appartement. Il s’était endormi en plein milieu d’Edward aux mains d’argent alors j’ai filé en catimini en lui laissant un petit mot sur la télé et en le recouvrant d’un petit plaid qui traînait là. En arrivant chez moi [c'est-à-dire trente secondes plus tard] j’avais sept messages sur mon portable. Elias ? Non. Norma. Ouf. Dans tous ses messages elle me disait mot pour mot la même chose. Mais plus elle tombait sur le répondeur, plus son agacement se faisait sentir. Sept messages, sept intonations différentes. De l’euphorie la plus totale à la crispation la plus extrême. Avec ça, les portes de l’Actor’s Studio lui sont grandes ouvertes.

« Bon Simon, il ne s’agit pas de dormir là, il s’agit de faire son sac et de ramener ses miches illico presto dans la capitale pour la soirée du siècle. Ou the Party of the Century si tu préfères. C’est ce soir, chez Eléanore. Tu te souviens d’Eléanore ? Oui bien sûr que tu t’en souviens ! La grande bourgeoise maigrichonne dont l’appart donne sur la Madeleine. Bref. Je serai à la gare quand tu arriveras à 21h40. Ton train part à 19h59. Oui je sais ce que tu vas dire. Ce train est long mais c’est le prix à payer pour passer la meilleure des soirées. En plus, y’aura plein de mecs über choux et über gay donc plus aucune hésitation à avoir ! Hop je file ! Je t’aime ! Et comme le dit la célèbre chanson be right on time Darling ! Quoi, tu connais pas cette chanson ? »
Après un tel message, pouvais-je vraiment refuser et faire comme je l'avais prévu au départ, une soirée Chardonnay/Oréo/Secret Story?
Il me semblait clair que la question ne se posait même pas...