mercredi 21 avril 2010

Chapitre 24 - Décisions -



Samedi 12 Septembre


En rentrant du restaurant, la veille, j’avais totalement oublié de rallumer mon téléphone et par conséquent de lire le message de Clara. Mon silence devait la conforter encore plus dans son idée [pas si fausse que ça] que je lui faisais la gueule. Ce fut donc la première chose que je fis en me levant, allumer mon portable et lire son message.
Coucou ! Suis vraiment dsl pour hier soir. Je me sens minable. Si c’était possible j’aimerais qu’on se voie samedi dans l’aprèm. Besoin de vous parler d’un truc. Tenez-moi au courant. On pourrait aller boire un verre ? Bisous et encore dsl.
Tout cela n’augurait rien de bon. Je commençais à connaître Clara. Ma réponse fut brève et laconique.
Ok pour moi pour cet aprèm. Vers 18h30 ? On se retrouve où ? Bsx.

J’avais donc jusqu’à 18h30 pour ne rien faire. Programme divin. Enfin ne rien faire... C’était un bien grand mot. J’allais devoir laver du linge, changer la litière de mon chat [qui a dit que les chats étaient des animaux propres ?], passer l’aspirateur, faire quelques courses et appeler ma mère, de loin la tâche la plus longue et ardue. Avec un peu de chance, il me resterait deux heures pour Boris. En deux heures, on pouvait faire pas mal de choses si l’on y réfléchissait bien. Mais en attendant, j’allais me reglisser dans mon lit en attendant Boris, ses croissants et son relevé bancaire. La crise serait-t-elle pire que prévue ? Oh et puis, j’en avais vu d’autres.
Ah mon lit ! Endroit parfait ! Surtout depuis que j’ai ramené les oreillers de Boris. David Bowie est là, collé à moi, les pattes en l’air, ronronnant de plaisir sous mes caresses, la fenêtre est ouverte, le ciel est gris mais il fait doux. Que demander de plus ? Des pas dans l’escalier, Boris est de retour.
« Alors ?
- Il me reste exactement 2451.72 euros sur mon compte. On ne va pas aller bien loin.
- Je ne sais pas ce qu’il te faut. Ça aurait pu être bien pire. Je ne m’attendais même pas à ça du tout !
- Ah ouais ?
- Ben oui. J’ai calculé là, si on partage tout en deux, tes charges s’élèveront à 370 euros par mois donc tu peux tenir quelques temps quand même.
- C’est juste reculer pour mieux sauter. Un jour ou l’autre, je n’aurais plus rien et ça sera la merde. Dans six ou sept mois à tout casser.
- Tu pourrais trouver un petit boulot en parallèle de tes études. Non ?
- J’y ai déjà pensé figure-toi. Mais je pense que je vais même chercher un job et arrêter mes études. J’en ai marre là.
- Tu dis ça juste parce que tu es découragé. Ça te plait ce que tu fais, ça serait dommage d’arrêter là.
- Je ne suis plus sûr que ça me plaise en fait. J’en ai marre d’être un gosse de riche.
- Ah ! Tu me rassures un peu là.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Je ne sais pas mais j’avais l’impression que sans l’argent de ton père, le monde s’écroulait et que tu n’avais plus le goût à rien.
- Dans un premier temps oui mais là, j’ai réalisé que je devrais peut-être prendre ma vie en main. Je sais ce que tu as vécu avec ta mère quand ton père est parti et j’avoue que je devrais arrêter de me plaindre parce que vis-à-vis de toi c’est indécent.
- N’exagère pas. On n’a pas eu la même vie mais je peux comprendre ta réaction aussi. Bon par contre, je pense qu’arrêter tes études c’est pas la bonne solution. Tu vas t’en mordre les doigts tôt ou tard.
- La philo m’ennuie et puis, je n’ai pas envie de devenir prof en plus.
- Alors là, je ne peux rien dire... Bon et si on déjeunait avant ? On réfléchira mieux après un bon bol de café ! »

Puis finalement, nous n’avions pas eu le temps de terminer cette discussion trop occupés par le rangement de l’appartement pour l’arrivée de Thad. J’aimais que tout soit parfait quand j’avais des invités. Et puis les courses. Lourdes, fastidieuses. Je n’aimais pas faire les courses. Et encore moins le samedi. Et enfin, ma mère. Je savais qu’elle me reprocherait le manque de nouvelles. Et je culpabilisais déjà. Après tout, elle était toute seule exilée dans sa Bretagne et moi, je la laissais dans sa solitude, dans son ennui, dans ses problèmes. A chaque fois que je composais son numéro, je me sentais un fils indigne. Je devrais peut-être l’appeler plus souvent. Même pour ne rien dire, juste pour faire un bisou. Je crois surtout qu’avec tout ce que l’on avait traversé, j’avais besoin de mettre un peu de distance entre elle et moi. Envie de mettre de la distance entre toutes ces choses négatives qui nous étaient arrivées et ma vie de maintenant. Vie que j’espérais plus facile et sympathique. Mais était-ce seulement possible ? ‘Vie’ et ‘facile’, ce sont deux termes qui ne me paraissent pas avoir grand-chose en commun.
« Oui, c’est moi Maman.
- Comment ça va mon grand ? On ne peut pas dire que tu me donnes beaucoup de tes nouvelles en ce moment...
- Je sais Maman. Je suis désolé mais entre mes cours, l’emménagement de Boris et les reste...
- Tu sais, je sais bien que tu n’as pas envie de parler tous les jours à ta vieille mère mais un petit coup de fil de temps en temps... Moi, dès que j’essaye de t’appeler, je tombe sur ton répondeur.
- Bon et sinon ? Quoi de neuf ?
- Pas grand-chose. Hormis le fait que j’ai un nouveau chef au travail, rien de bien nouveau. Ah oui, ma voiture est au garage, les freins déconnent.
- Merde. Comment tu fais pour aller bosser ?
- Viviane m’emmène. Et toi ? Les cours ça va ?
- Pas top. J’en ai marre. Et puis j’ai des classes difficiles. Ça m’angoisse un peu.
- Oh, ça va aller, j’ai confiance en toi. Tu les auras bientôt tous dans ta poche ! Et ton copain alors ? Tu me le présentes quand ?
- Bientôt j’espère.
- Vous faites quelque chose pour ton anniversaire ? D’ailleurs, qu’est ce que tu veux ?
- Je ne sais pas. J’y ai pas réfléchi à vrai dire. Mais oui, je fais une petite soirée avec quelques amis.
- Soyez prudents quand même.
- A quel sujet ?
- Tu sais très bien Simon. Pas de bêtises c’est tout.
- Oh, ne remets pas ça sur le tapis Maman. Je ne suis pas Léo.
- Je sais mais tu ne peux pas m’empêcher de me faire du souci. Pas envie de perdre un deuxième fils...
- Je le sais mais pas la peine de te faire du souci.
- C’est ce que tu dis...Mais si moi je ne préoccupe pas de toi, qui le fera ?
- Arrête Maman.
- Oui bref, quand tu auras une idée de cadeau, préviens-moi. Sinon, ça sera encore de l’argent mais je trouve ça trop impersonnel.
- Promis, je vais y réfléchir. Bon, je vais te laisser.
- Oui, oui, file mon Simon. Le samedi les jeunes ont autre chose à faire que d’appeler leurs mères. Je t’embrasse et embrasse ton copain de ma part.
- D’accord. Bisous Maman. »

Et voilà, comme à chaque fois, j’étais mal en raccrochant. Je me trouvais horrible. Pourquoi est ce que j’étais sans cœur avec ma mère ? 17h. Déjà. Les deux heures que j’avais prévues pour Boris se réduisaient comme peau de chagrin. Il était allongé. Endormi. David Bowie ronronnant contre lui. Je n’avais pas envie de le réveiller alors je pris un livre et m’allongeai doucement à ses côtés. Un peu de calme entre deux épisodes mouvementés était le bienvenu finalement.

Après quelques textos pour nous mettre d’accord, nous avions décidé, Clara, Norma et moi, de nous retrouver au croisement de la rue Jeanne d’Arc et de la rue du Gros Horloge vers 18h30. Nous trouverions bien un endroit pour boire un verre dans les parages. Ce n’est pas ce qui manquait. Je dois bien admettre que je redoutais quelque peu les ‘trucs’ que Clara avait à nous dire. Qu’est ce qu’elle pouvait bien être allé chercher cette fois-ci ? Après j’arrête mes études parce que je veux rentrer de plain-pied dans la vie active. Après j’en ai marre de ce taf à la con, je vais démissionner, je suis sûre que je vais retrouver un truc très vite. Ou bien encore, après je pense que Lui et moi on va se marier, ça fait que trois mois qu’on se connaît mais on est faits l’un pour l’autre, il y a comme une connexion entre nous. Qu’est ce qu’elle allait pouvoir inventer aujourd’hui ?

« Voilà, c’est décidé, je pars pour l’Inde la semaine prochaine ! »

Alors, là, elle venait de dégommer toutes les idées les plus folles que j’avais pu avoir à son sujet [je me remets avec Lui et là, c’est sûr on va se marier ; je vais me raser la tête, marre de mes cheveux ou encore promis, je ne dirai plus jamais de gros mots...]. Norma et moi nous sommes regardés bêtement pendant un court instant, avons avalé presque en même moment une gorgée de notre Chablis, je le savais, elle tout comme moi, avait des milliers de mots qui lui venaient à l’esprit. De « putain ça y est t’es maboule ! » à « Quoi ? Pourquoi ? Où ? Comment ? ». Ce qui était bien avec les gens comme Clara, c’était qu’on n’avait jamais l’occasion de s’ennuyer. Enfin, bien, tout est relatif...

« Tu peux répéter ? Je pense que je n’ai pas bien entendu.
- T’as pas dit ce que tu as dit. Rassure-moi. C’est juste une blague ?
- Vous avez très bien entendu. J’ai décidé d’aller me mettre au vert en Inde quelques temps. C’est tout et rien ne me fera changer d’avis.
- Bon, ben je crois qu’on peut partir alors. Tu viens Simon ?
- Non arrêtez, faites pas les cons. Je voulais vous en parler, mais ma décision est prise, j’ai même pris mon billet d’avion hier soir.
- Mais tu vas aller faire quoi là-bas ? C’est le nouvel Eldorado ou quoi ? Je ne vois pas là.
- Pourquoi pas là-bas après tout !
- C’est surtout parce qu’il y a Pierre en Inde.
- D’ailleurs il est au courant que tu y vas ?
- Pas encore. J’attends le bon moment.
- Et, il va arriver quand ce bon moment ?
- Il a peut-être le droit de savoir non ?
- Mais attendez, l’Inde c’est vaste. Je vais atterrir à Bombay après je verrai.
- Ouais, on y croit. Excusez-moi, je peux avoir un autre verre de Chablis s’il vous plait ?
- Oui moi aussi s’il vous plait. Clara, t’en reprends un ?
- Non merci. Je n’arrive pas à me remettre de ma gueule de bois d’avant-hier.
- Ouais, donc je disais, tu crois vraiment qu’on va gober ton histoire de ‘je pars en Inde mais pas pour voir Pierre’ ? On n’est pas stupides à ce point.
- Non mais je vous assure. C’est pas ma priorité.
- Ouais. Arrête. Et donc, si ce n’est pas ta priorité, pourquoi pas le Pérou, la Nouvelle-Zélande ou l’Islande ?
- Parce que j’ai toujours rêvé d’aller en Inde.
- Première nouvelle ! Tu étais au courant Simon ?
- Je dois reconnaître que c’est la première fois que tu nous en parles Clara...
- Je ne suis pas obligée de tout vous dire, c’est tout.
- Je n’aime pas ça du tout. On n’est pas aussi naïfs. Tu te fous trop de notre gueule.
- Sois sincère Clara. Pourquoi tu vas là-bas ?
- Je viens de vous le dire, pour me mettre au vert.
- Ça veut dire quoi d’abord ‘se mettre au vert’ ? T’es une junkie qui a besoin de changer son mode de vie ?
- Non, mais ma vie m’insupporte. J’ai envie d’autre chose.
- Mais on a tous des raisons d’être insupporté par notre vie ! Ce n’est pas pour autant qu’on fout tous le camp en Inde pour se mettre au vert !
- Ne t’énerve pas Norma.
- Non mais avoue qu’elle a raison. Non ?
- Je ne sais pas... Je crois que j’ai plus de raisons d’être insupportée par ma vie que vous deux.
- Putain, ça devient n’importe quoi ! Il faut qu’on fasse des comparaisons ? Qui va tirer le gros lot ? Faites vos jeux ! C’est ridicule !
- Non c’est pas ridicule. Toi, t’as un mec, un job. Simon, toi...
- Non, c’est bon, je sais, je suis l’homme le plus heureux de la planète. Tellement heureux que j’en deviens factice !
- Bon, ok, je vois que de toute façon, quoique je dise, vous allez me traiter comme la conne de service qui ne fait que de la merde ! Je commence à avoir l’habitude... Oh, et puis, vous me faites chier tous les deux !
- Non, mais attends Clara ! Tu vas où ? Reviens !
- Putain, mais c’est toujours la même histoire avec elle...
- Bon, ben, viens, on va lui courir après. Comme au bon vieux temps. Ça faisait longtemps remarque.
- Ouais, même pas deux jours... »

Nous n’avions même pas eu le temps de toucher à notre deuxième verre.

« Là, là-bas, c’est pas elle qui remonte la rue Jeanne d’Arc ?
- La veste jaune ?
- Ouais ! C’est vrai, t’as pas tes lunettes ! Un jour, il va falloir penser aux lentilles Simon... Viens, je crois que c’est elle !
- Elle aurait fait vachement vite pour être déjà à ce niveau !
- La colère ça donne des ailes ! »
Mon téléphone vibre. Peut-être c’est elle qui s’excuse et nous dit où la retrouver. Il faut que j’arrête de rêver, c’est Boris.
Thad vient d’arriver. On rentre à l’appart. T’en as encore pour longtemps ?
Je lui répondrai plus tard. Pour le moment, je ne suis pas capable de marcher et écrire en même temps. Arrivés au croisement des rues Lecanuet et Jeanne d’Arc, nous avions perdu sa trace.

«  Et là, elle est passée où ?
- Elle ne peut pas être plus haut, on la verrait encore.
- Heureusement qu’elle a mis une veste jaune.
- Viens, on va essayer du côté du Musée. »

Et effectivement, elle était là. Assise sur les marches du Musée des Beaux Arts. Son sac entre les jambes, le rimmel encore une fois ravagé sous ses yeux. En nous voyant, elle se leva et commença à descendre les marches.
« Non mais attends Clara. On ne va pas passer notre soirée à te courir après. C’est marrant mais bon, ça va cinq minutes...
- Je vous ai dit de me foutre la paix !
- Ah non, tu nous as dit ‘Vous me faites chier’, c’est pas du tout pareil !
- Ah ah, très drôle.
- Bon, et sinon, on peut terminer notre discussion ? Comme des adultes responsables que nous sommes.
- Pour dire quoi ? Que c’est mal ? Que je suis conne ?
- Viens là Clara ! Viens t’asseoir ! C’est bon là ! S’il le faut je te saute dessus et je t’attache !
- Ouais, mais alors, je ne veux plus de morale. J’aimerais que pour une fois, vous respectiez ma décision et que vous soyez juste contents pour moi. Ok ?
- Mais tu crois que si on discute tes choix c’est juste pour te faire chier ? Mais on tient à toi Clara ! Tu le comprends ça ? Et c’est justement parce qu’on tient à toi qu’on s’inquiète et qu’on se permet de dire ce qu’on en pense.
- Moi j’ai juste l’impression que vous jugez mes actes. Moi je ne fais jamais ça avec vous. Je vous encourage toujours. Vous vous rendez compte de ça au moins ?
- Peut-être parce qu’on ne prend pas des décisions sur un coup de tête nous...
- Et voilà, c’est reparti !
- Bon ok, excuse-moi.
- Et Pierre alors ? Tu vas le lui dire quand ?
- Bientôt. Je vous le jure.
- Et s’il le prend mal ? S’il a l’impression que tu le traques ?
- N’exagère pas Simon. Je ne vais pas aller à Goa dès mon arrivée. Je vous l’ai dit.
- Et tes études ? Ton permis ? T’avais l’air super motivée pourtant.
- Ce n’est que partie remise. C’est tout.
- Et l’argent, tu vas le trouver où ?
- C’est l’argent de mon permis.
- Quoi ?
- Non. Je sais ce que je fais. N’en dites pas plus.
- Tu me fais peur Clara.
- Pas la peine, je suis une grande fille. Et puis, ma sœur m’a prêté de l’argent aussi. Ça va le faire je vous le jure.
- Ouais... J’espère vraiment.
- Moi aussi.
- Non, mais moi, j’ai juste besoin de vous sentir derrière moi. Et pas d’arrière pensée,  je vous vois venir ! J’ai besoin de sentir que vous me soutenez. C’est tout. Je pars en Inde ce n’est pas le bout du monde ! Ni la fin du monde. Et je vais revenir. Mais là, il faut que je découvre ce pourquoi je suis faite. Faites-moi confiance c’est tout ce que je vous demande.
- Et ton appartement ? T’as prévenu le père de Pierre ?
- Oui. Hier soir. Je lui ai dit de ne pas en parler à son fils.
- Il a accepté que tu rendes ton appart comme ça, sans préavis ?
- On s’est arrangé on va dire...
- Genre ?
- Je paye jusqu’à la fin du mois et ensuite c’est un de mes cousins qui va prendre le relais.
- Il va payer ? Comme ça, juste pour que tu puisses garder ton appart ? Sympa le cousin.
- Il va surtout y vivre, dans mon appart. Il n’est pas riche à ce point.
- Ah ouais ? C’est celui de Strasbourg ?
- Non, non, pas lui. C’est celui de Paris. Barthélémie.
- Il vit à Paris et il n’est jamais venu te voir ?
- Il est à Paris depuis trois mois. C’est celui qui vivait à Londres. Vous vous souvenez, j’ai dû vous en parler au moins une fois ?
- Ça me dit vaguement quelque chose en effet.
- Mais oui ! C’est pas l’écrivain ?
- Oui c’est ça, c’est lui.
- T’es une sacrée cachotière ! Tu prépares ça depuis quand ?
- J’y réfléchis juste depuis quelques jours.
- Et il arrive quand ton cousin ?
- Je te vois venir Simon !
- Je me renseigne juste.
- Ouais... Bon, d’une, il arrive dans quelques semaines. Pas avant la mi-octobre. Et de deux, autant te le dire tout de suite, il est sévèrement hétéro.
- Tant mieux pour lui !
- Et pourquoi Rouen ? Après Londres et Paris... c’est bizarre non ?
- Il a envie de changer d’air.
- Ça doit être de famille alors...
- Très drôle. Non mais il a besoin de retrouver l’inspiration. Et puis, il a besoin d’un logement sympa à un loyer normal. Là, il vit dans un studio à Paris et paye un prix fou !
- Il est juste écrivain ? Il s’en sort ?
- Tout juste. Il écrit parfois pour des magazines. Et a quelques droits d’auteur sur son roman qui a été publié. C’est pour ça qu’il doit se remettre sérieusement à l’écriture !
- Et il a quel âge ?
- 31. Bon, on fait quoi là ? On ne va pas refaire la biographie de mon cousin. On pourrait aller terminer nos verres non ?
- Euh, t’es mignonne mais on s’est bien tapé l’affiche donc on va éviter d’y retourner pendant les six prochaines années.
- Ouais, t’aurais dû voir la tronche de la patronne quand on a payé. On peut peut-être aller aux Floralies, c’est juste à côté.
- Je n’arrive pas à croire que dans une semaine tu seras partie. Tu nous auras vraiment tout fait !
- Ouais mais et d’ailleurs ! Tu ne seras pas là pour mon anniversaire alors ?
- Je pars le lendemain. Le dimanche 20.  Je ne t’aurais pas laissé tomber en ce si beau jour ! Tu me prends pour qui ? »

Et voilà, c’était reparti comme en 40 ! Comme à chaque fois avec Clara. J’avais le sentiment qu’effectivement, ce voyage ne pouvait pas lui faire de mal. Croisons les doigts. Alors que nous trinquions à l’avenir et à toutes ses surprises, mon téléphone vibra dans ma poche. Norma. J’admirais cette capacité qu’avait Norma à faire deux choses en même temps [trinquer et écrire un message] tout en étant la plus discrète possible. Etant donné mon peu de discrétion ces derniers temps, j’optai pour faire comme si c’était Boris. Autant mentir à voix haute.
C’est bien beau tout ça mais toi et moi, on va devoir trouver une solution pour la retenir à Rouen. Elle est cinglée ou quoi ? Et j’ai déjà 2 ou 3 idées ...

 

jeudi 8 avril 2010

Chapitre 23 - Lui!? -


Vendredi 11 Septembre


Il ne nous restait plus qu’une dizaine de minutes pour être prêts à retrouver Norma. Cela faisait une heure qu’elle était montée nous voir pour nous annoncer que ce soir elle nous invitait au restaurant pour enfin rencontrer Justin ! Je dois bien avouer que j’accueillis cette nouvelle avec soulagement. Cela allait à coup sûr nous changer les idées. Cependant, je n’étais pas certain que Boris soit aussi enthousiaste que moi
« On peut encore annuler si tu veux ? Je descends voir Norma et je lui explique.
- Non, non. Ça ne peut pas me faire de mal.
- C’est ce que je crois aussi. Tu vas t’habiller comment ?
- Jean et t-shirt. Pas la tête à me compliquer la vie.
- Tu seras beau de toute façon...
- Tu sais, en prenant ma douche, j’ai réfléchi à quelque chose.
- Oui, quoi ?
- Je devrais peut-être retourner vivre à Paris ? Ça serait plus simple non ?
- Plus simple ? Plus simple pour quoi ? Moi je veux vivre avec toi c’est tout. Et ça me semble simple je trouve.
- Mais moi aussi je veux vivre avec toi mais niveau thunes, on ne va jamais s’en sortir.
- Mais oui, on va s’en sortir. Pourquoi est-ce qu’on n’y arriverait pas ? Des millions de jeunes s’en sortent alors pourquoi pas nous ?
- Je ne sais pas. Ça me fait juste peur.
- Et puis si à la moindre secousse, on panique et on retourne à la case départ, on ne va jamais y arriver. Fais-moi confiance.
- Merci.
- Merci ? Pour quoi ? Parce que je t’aime ? »

Je m’attendais à ce que Norma ait mis toutes les chances de son côté mais peut-être pas autant. Elle était magnifique. J’ai souvent l’occasion de le penser mais là, le mot magnifique était tout sauf illégitime ! Il avait été créé pour elle. Elle portait sa dernière acquisition, une robe bustier couleur corail de chez Zara, des compensées en liège et avait noué ses cheveux d’une manière impossible à décrire.
« Je ne sais pas quoi dire !
- Dis juste que je suis superbe !
- Tu l’es. Et bien plus encore !
- Oui c’est vrai ! Tu es splendide.
- Merci Boris. Ça va ? T’as une petite mine.
- Oui, oui ça va. Juste crevé. Désolé pour ce midi. Comme je t’avais dit, j’ai finalement vu mon père.
- Pas de souci. Et ça a été ?
- Ouais... Et alors il est où le Justin ?
- Il nous retrouve devant la crêperie où j’ai réservé. C’est à deux pas, rue du Père Adam.
- Ça fait super longtemps que je n’ai pas mangé de galettes ! C’est une super idée Norma.
- Cool alors. Et comme c’est tout près, on va pouvoir se prendre une bonne cuite au cidre !
- Tiens, en parlant de cuite, des nouvelles de Clara ?
- T’as pas reçu son texto ?
- Non. Il disait quoi ?
- Elle veut nous voir tous les deux demain après-midi. Des trucs à nous dire.
- Ouh la, je crains le pire... Si c’est pour cracher son venin comme hier, ça sera sans moi.
- Je ne pense pas vu que dans son texto elle s’excusait pour hier soir. C’est bizarre que tu ne l’aies pas reçu.
- Cherche pas. Mon téléphone était déchargé et je n’ai même pas pensé à le brancher tellement j’étais naze en rentrant de cours.
- Et là, tu te sens mieux ?
- Ouais. L’actifed m’a fait du bien. J’ai choppé la crève hier avec toutes ces conneries.
- Ah Justin est là ! J’espère qu’il va vous plaire. »

Nous étions à cinquante mètres. Peut-être un peu moins, je n’ai jamais eu le compas dans l’œil et effectivement, Justin semblait être très beau. Bon, ok, j’étais myope et si ça se trouvait, il n’était pas si extraordinaire. Plus j’avançais, plus ma première idée s’avérait être la bonne. Grand, les cheveux châtains clairs légèrement ondulés. En nous voyant, il s’avança dans notre direction et là, ça me sauta aux yeux ! Mais oui, il était beau ! Très beau même. Mais surtout, je le connaissais et j’avais outrageusement fantasmé sur lui il y a quelques semaines. La honte !
« Et bien voilà les garçons, c’est Justin.
- Salut ! Enchanté !
- Donc ça c’est Simon.
- Enchanté également.
- Et ça, c’est son copain, Boris !
- Bonsoir Justin. Depuis le temps que Norma nous parle de toi.
- Je peux en dire autant de vous deux. C’est dingue, Simon, mais j’ai l’impression de t’avoir déjà vu. »
Et voilà, j’en étais sûr. Super ! Il va bientôt réaliser que je suis celui qui l’a reluqué pendant plus de trois heures lors d’un voyage en train pour rentrer à Rouen. Je vais la jouer profil bas je crois.
« Ah bon ?
- Ouais mais impossible de savoir où.
- Vous vous êtes peut-être déjà croisés en ville.
- Sans doute. Rouen c’est petit finalement.
- Oh ça me reviendra sans doute. »
Tout ce dont j’avais besoin, un type qui a toujours rêvé d’être détective. Il ne manquait plus que ça. Je devrais peut-être prévenir Norma qu’elle s’engage dans une relation sérieuse avec Jessica Fletcher...

« Et donc tu viens du Havre ?
- Ouais. Ça fait juste trois ans que je vis à Rouen.
- Et ça va, ça craint pas trop là-bas ?
- Non. Pourquoi ? Les gens ont une idée très bizarre du Havre je trouve.
- J’ai toujours entendu dire que ça faisait ville de l’ancien bloc soviétique.
- L’architecture est spéciale mais on s’y fait. Vous y êtes jamais allés ?
- Moi oui. J’y ai passé quelques jours. Enfin juste à côté, à Sainte-Adresse. On était chez un ami de mes parents. J’ai fait un peu de voile et pris le soleil. J’ai bien aimé. A part les galets. Beaucoup trop gros. Ceux d’Etretat sont quand même vachement plus agréables.
- Entièrement d’accord avec toi. La plage est grande et belle mais le souci ce sont les galets.
- Ah oui et j’ai visité le musée des Beaux Arts aussi. Le musée Malraux c’est ça ?
- Oui c’est ça.
- Il est très beau ce musée. D’ailleurs en parlant de très beau, il y avait un petit guide vraiment pas mal là-bas. Il s’appelait même Emmanuel si je me souviens bien. Je dois bien avouer que j’ai un peu beaucoup fantasmé sur lui. Mais bon chut, c’est un secret.
- Promis, on ne le répétera pas. Et puis si on devait révéler le nom de tous les gens sur qui on a fantasmé, certains ne s’en relèveraient pas ! C’est moi qui vous le dis ! [Ils en faisaient exprès ? Oui, c’est ça, je suis dans une caméra cachée et bientôt un vieux présentateur québécois et moustachu va sortir de dessous la table et me dire Simon c’est Surprise Sur Prise ! Et là, je serai partagé entre honte et soulagement, entre prendre mes jambes à mon cou et rire d’un gros rire exagéré]. Enfin celui qui nous bat tous dans ce domaine c’est Simon quand même !
- Oui je crois qu’on peut dire ça ! C’est le champion toutes catégories !
- Ah oui ? C’est vrai Simon ? [Là, ils commencent à être lourds et le piège va capoter si ça continue. Ils devraient la jouer plus fine. D’accord, c’est un vilain défaut. Je ne le ferai plus jamais, promis. On peut arrêter maintenant ?]
- Je ne trouve pas. Je donne juste une chance à tout le monde.
- Oui on va dire ça comme ça ! Non, avoue qu’il y a des fois, tu fantasmes sur des types qui n’ont rien pour eux !
- Dis tout de suite que j’aime bien les thons.
- Ben... Boris est l’exception qui confirme la règle.
- Oh il y en a d’autres rassure-toi Norma. [c’est le moment où je lui dis que j’ai bavé sur son copain il y a un mois et demi alors que je revenais de Bretagne ? Peut-être pas.]
- Tu te rappelle Boris le garçon qu’il a trouvé mignon hier soir au Vicomté ?
- Celui avec le gros derrière ?
- Ouais ! Il était horrible.
- Bon d’abord il n’était pas du tout affreux. Il était très mignon mais malheureusement, il était plutôt très fourni au niveau cul mais c’est tout. Et ensuite, on ne va peut-être pas passer toute une soirée sur mes fantasmes.
- On n’aurait jamais assez d’une soirée de toute façon. Tiens passe-moi le cidre s’il te plait.
- Je ne sais pas vous mais moi, ma galette est délicieuse !
- Pareil. Ah, excusez-moi, je dois décrocher, j’attends cet appel. Je reviens. »

Et là, Justin se leva et confirma ce que je savais déjà. C’était bel et bien lui. Bon ok, je n’avais jamais eu de doutes. Ces cheveux, ce sourire, ces yeux. Ça ne pouvait être que lui. Et là, je constatai qu’il portait un boxer turquoise. Monsieur B.T. était de retour et j’avoue avoir été quelque peu émoustillé par cette vision. J’avais beau être amoureux, je n’en restais pas moins un homme.
« Ben vas-y, te gêne pas, mate le cul de mon copain !
- Hein, quoi ?
- Je t’ai vu regarder les fesses de Justin !
- Moi aussi je t’ai vu...
- Mais non, vous êtes bêtes. Je regardais dans le vide, je ne le matais pas. Et puis quoi encore ? Et donc, c’est ton co-pain ?
- Mouais... Passons. Bon et alors ? Vous le trouvez comment ? Il est génial non ?
- Pour le moment, j’aime beaucoup. Il a l’air d’avoir les pieds sur terre, c’est important ça.
- Oui, il sait ce qu’il veut et je crois qu’il est équilibré.
- Ce qui n’était pas gagné d’avance pour quelqu’un venant du Havre.
- Tu exagères Boris.
- Je plaisante. Non, il est vraiment sympa et plutôt beau gosse quand on aime le genre sportif en pleine santé et à la mâchoire avenante. Pas vrai  Simon ?

- Je ne me prononcerai pas. Pas envie que vous croyiez que je fantasme aussi sur lui. Il ne manquerait plus que ça ! [Oui, je sais ce que vous pensez...]
- Désolé. C’était ma mère.
- Alors, si c’était ta mère, tu es tout excusé !
- D’ailleurs ça me fait penser qu’il faudrait que je rappelle la mienne sinon un de ces quatre, elle va débarquer de Saint-Malo et là, ça va me faire tout drôle !
- Ah mais oui, c’est vrai ! Norma m’a dit que tu étais de Bretagne.
- Et oui. Enfin de Bretagne et d’ailleurs. Du côté de ma mère de Bretagne en tout cas. [et là, bizarrement, je sentais le truc arriver. Du genre ah mais oui ! J’y suis ! C’est là qu’on s’est déjà vus !]
- Ah mais oui, j’y suis ! C’est là qu’on s’est déjà vus ! Tu as pris le même train que moi fin juillet ! [Merde]
- Ah bon ?
- Je ne m’en souviens pas. Tu en es sûr ? [C’était maintenant ou jamais pour donner tout ce que j’avais. C’était le rôle de ma vie. Avec un peu de chance, l’Oscar était au bout du chemin]
- Mais oui ! C’était toi. Tu m’as même souri ! [Aïe]
- J’ai effectivement pris le train fin juillet mais ça ne me dit rien.
- Ma valise s’était même ouverte sur le quai de la gare. J’avais l’air d’un con.
- Putain, mais je dois vraiment perdre la mémoire...
- Tu t’en souviens pas du tout Simon ?
- Ben non, puisque je vous dis que non !
- C’est bon, t’enflamme pas ! T’es sûr que c’était lui Justin ?
- A 100% ! Tiens, même que ta sonnerie de portable c’était Lady Gaga !
- Ah, ben oui, aucun doute c’était bien toi !
- Ouais... Faut dire qu’à cette époque, j’étais un peu ailleurs. Surtout ce jour-là. Il ne faut pas m’en vouloir.
- Je ne t’en veux pas. J’avais juste l’impression que je t’avais tapé dans l’œil !
- Pourquoi ça ? [Et là, j’espérais que quelqu’un entrerait en hurlant dans le restaurant C’est la guerre ! Evacuation ! Tous aux abris, ils débarquent !]
- C’est quoi cette histoire ?
- Rien, mais tu n’as pas arrêté de me fixer et de me sourire pendant trois heures. J’en ai même déduit direct que tu étais gay.
Note pour plus tard : Revoir à tout prix et le plus rapidement possible mes techniques d’observation des garçons sexy, sinon je cours à ma perte...
- Comme s’il fallait ça pour s’en rendre compte... Rien que la sonnerie Lady Gaga...
- Ah oui ? Je ne regardais pas le paysage plutôt ? Il est joli dans ces coins là. [Tu parles, le paysage est triste à mourir. Oh des pommiers ! Oh une vache ! Oh une ferme délabrée ! Oh encore une vache !]
- J’avais pas l’impression. Mais bref, passons, je me faisais sûrement des films...
- Et là, c’est le moment où tu m’annonces que finalement tu es gay c’est ça ?
- Oui, c’est ça ! Mais avant que tu partes en hurlant et en me maudissant, si on prenait un dessert ? »

Une crêpe au chocolat. Voilà la solution miracle à tous les problèmes. Avec ça, on oublie tout. Plus d’histoires de train, de boxer turquoise, de mensonges éhontés. Le compteur est remis à zéro et on repart sur de bonnes bases. Enfin presque. Si ça s’avère très efficace sur les petits tracas sans conséquence du quotidien, il n’en est pas de même pour les gros problèmes épineux du style ‘papa m’a coupé les vivres et bientôt mon compte en banque sera aussi sec que le cœur de Madame de Fontenay’. Ça serait bien, remarquez, si ça pouvait aussi résoudre ça. Tout le monde serait heureux...et obèse !
Boris n’avait pas beaucoup parlé ce soir. A peine quelques phrases ça et là. Les vraies questions, il les avait écartées d’un haussement d’épaules et moi je n’avais comme seule réponse aux interrogations silencieuses de Norma qu’un regard qui voulait dire je te raconterai. Je sentais sa jambe bouger frénétiquement sous la table et plusieurs fois, j’essayai de la calmer par une légère caresse, ça n’y changea rien. Je savais que Boris se faisait un sang d’encre et qu’il regrettait déjà son emménagement précipité. Il était temps de rentrer pour réitérer mes paroles réconfortantes et peut-être même lui révéler mon secret concernant Justin. Avec un peu de chance, la soirée se terminerait par des éclats de rire.

« Bon, vous êtes sûrs de ne pas vouloir venir boire un verre à l’appart ?
- C’est vraiment gentil Justin mais on n’a pas beaucoup dormi la nuit dernière, on est rincés ! Une autre fois ! Et puis n’oublie pas mon anniversaire le week-end prochain.
- Pas de souci !
- Mais tant que j’y pense, passe dimanche si tu veux ! Il y aura un ami des Etats-Unis. Il vient pour quelques jours. On fera un petit goûter si tu veux !
- Ça aurait été avec plaisir mais j’ai une compétition ce week-end.
- A la semaine prochaine alors ! Rentrez bien et puis nous, Norma, on se voit demain avec Clara.
- Ouais, en fin de journée, le temps que je rentre.
- Ah, tu bosses demain ?
- Ouais. 9h-16h non stop. On se voit vers 18h je pense. Ça ira ?
- Oui, oui. Boris, t’iras chercher Thad à la gare ?
- Ouais. Pas de problème.
- Bon allez, bisous et merci encore Norma !
- De rien ça m’a fait plaisir. Prenez soin de vous. Love you. »

Sur le chemin de retour, bien que nous n’ayons que quelques centaines de mètres à parcourir, je pris la main de Boris et la serrai fermement.
« On a passé une bonne soirée non ?
- Oui, Justin est vraiment un garçon sympa.
- Carrément. T’as pas beaucoup parlé dis donc...
- Je n’avais pas envie d’être bavard ce soir.
- Tu l’es jamais vraiment beaucoup.
- Tu sais comment je suis. Des fois, j’aime bien écouter les gens. Ça ne veut pas dire que je m’ennuie pour autant.
- Je sais. Tu es toujours inquiet. Je me trompe ?
- On le serait à moins. Non ?
- Oui. Mais je t’ai dit qu’on allait s’en sortir.
- Ce sont des paroles ça. Pour le moment, je ne peux pas m’empêcher de m’inquiéter et c’est bien légitime. Je passe du statut de petit-ami en or à celui de pique-assiette.
- C’est toi qui le penses ça. A aucun moment, je n’ai pensé ça de toi. Jamais depuis que tu m’as annoncé cette nouvelle je n’ai pensé comment est ce qu’on va faire ? Je n’ai pas l’intention de payer pour deux ! Jamais !
- Je sais que ce n’est pas ton genre. Mais je vais abuser de ta gentillesse et ça me dérange.
- Nous sommes un couple maintenant Boris ! Alors ce n’est pas toi et moi. C’est nous ! Evidemment, je ne suis pas en train de dire que si cette situation s’éternisait pendant des années, je garderais le sourire et dirais Amen mais là, ça fait, à peu près cinq heures que tu m’as mis au courant alors relax mon Prince. Et puis, ce n’est pas comme si ton compte en banque était vide...
- Non. Enfin je n’espère pas.
- Combien tu as sur ton compte si ce n’est pas trop indiscret ?
- Je n’en ai aucune idée.
- Tu ne sais pas du tout ?
- Non. Mais j’irai voir demain matin. Ou je peux y aller maintenant.
- Non, tu iras demain, t’en fais pas. Ça ne va rien changer pour ce soir. Le tout c’est de garder la tête sur les épaules et de faire les choses intelligemment. Et puis, on ne va pas commencer à se prendre le chou pour des histoires d’argent parce que c’est comme ça qu’on va aller droit dans le mur. On n’est pas à la rue, donc tout va bien ! »

Etrangement, en rentrant chez nous, je n’étais même plus fatigué. J’aurais bien rappelé Norma pour lui dire que tout compte fait, j’arrivais mais je pense qu’elle était plutôt contente que je décline l’invitation. Et je la comprenais ! Après tout, elle sortait avec Monsieur Boxer Turquoise ! C’était la classe ! Pour une fois qu’elle et moi, nous nous rejoignions sur un garçon ! Bien sûr, elle n’en saurait jamais rien et puis, j’allais devoir apprendre à l’appeler Justin et puis c’est tout parce que quand je suis bourré, ma langue parle plus vite que mon cerveau...
« T’as envie de dormir toi ?
- Plus trop non. Je vais me faire un thé, tu en veux un ?
- Bonne idée. Un Earl Grey s’il te plait. Tu peux donner sa pâtée à David aussi.
- Ok. On est vendredi, il n’y a pas Tracks ce soir ?
- Ah oui, je vais allumer. Tu sais j’ai un truc à t’avouer.
- Quoi ?
- Une révélation choc...
- Ouh la. Je ne sais pas si je dois avoir peur ou être impatient là !
- Tu vas juste te marrer et te foutre de moi.
- C’est sur Justin c’est ça ? Tu te souviens de lui ? Et effectivement tu as imaginé des tas de trucs sales avec lui ?
- Mais ! Comment t’as deviné ?
- T’aurais dû voir ta tête ! C’était obligé !
- J’avais l’impression d’avoir été parfait dans mon rôle pourtant... Vague et mystérieux...
- Ben c’est raté ! Et je pense que Norma et Justin t’ont grillé aussi. Ou alors ils ne sont pas très perspicaces.
- Tu crois ? Merde ! Et moi qui croyais que l’Oscar était pour moi cette année.
- Désolé de réduire à néant tes espoirs mon chéri, mais à ce rythme-là, même Sandra Bullock en aura un avant toi ! »