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Vendredi 11 Septembre
Le meilleur moment de la journée. De la semaine même. La fin des cours. 16h. Le week-end. Derrière moi les élèves, les collègues, les verbes irréguliers et tous ces regards en coin. Je suis certainement parano mais c’est comme si tout le lycée me regardait comme une bête curieuse. Un monstre de foire. J’ai certainement besoin de repos, voilà tout. Deux jours. Ça va me remettre sur pied. Puis je serai prêt à affronter une nouvelle semaine affreuse et ainsi de suite. Heureusement que Boris est là pour me sortir de cette routine qui pourrait vite me rendre dingue. A moins que ça ne soit déjà le cas.
Il fait beau aujourd’hui. Une légère brise caresse mon visage. Après toutes ces longues heures de cours, mes poumons se déploient à nouveau dans ma poitrine et je revis. Toujours le même cirque, je suis tellement différent quand je sors du travail. Je redeviens moi-même, Simon. Je ne suis plus ce Mr Ellois qui m’insupporte. Le métro est inhabituellement désert cet après-midi. Tant mieux. J’ai hâte de rentrer à l’appartement et de me reposer. Je vais prendre un actifed, deux aspirines et dormir un peu jusqu’au retour de Boris. Ça me laisse deux bonnes heures. Besoin de me remettre de la soirée d’hier, de nos quatre heures de sommeil, de tout cet alcool bu et de ce coup de froid qui m’embrume le peu de cerveau qui me reste. Je me demande bien comment Norma a fait pour aller travailler aujourd’hui ? Et Clara ? Elle doit avoir une de ces migraine vu l’état dans lequel on l’a ramenée chez elle. Quelle soirée quand même...
-Petit Flashback-
10/09/09 – 20h15
« Alors ça y est, vous êtes prêts ? Il ne faut quand même pas autant de temps pour vous fringuer comme des mauvais garçons !
- On arrive, deux minutes !
- C’est facile pour vous, vous êtes des vilaines filles 24h/24, 7j/7. Vous avez juste eu à piocher dans vos vêtements de tous les jours. Mais pour nous, c’est tout nouveau.
- C’est ça... D’autres conneries du genre Monsieur le Petit Ange ? Je sais que je ramène ça sur le tapis mais je suis quand même bien dégoutée que Justin ne vienne pas ce soir...
- C’est clair. C’est dommage... J’en viens à me demander s’il existe vraiment ce type. T’as peut-être tout inventé...
- Mais oui Clara, bien sûr je n’ai que ça à faire dans ma pauvre vie ! Je mourrais d’envie que le voyiez en plus...
- Ça n’est que partie remise ne t’en fais pas.
- Bon voilà, moi, ça y est, je suis prêt. Alors, vous en pensez quoi ?
- Wow t’es magnifique ! Sympa le jean déchiré.
- Ouais carrément, et la coiffure, j’adore ! T’as mis des bigoudis ou quoi ?
- Non mais j’aurais peut-être dû vu comme j’ai lutté. Le perfecto, ça ne fait pas too much ?
- Pas du tout, t’es parfait ! Bon Simon ? T’es prêt ? Pire que Paris Hilton celui-là !
- Oui, me voilà. Mais promettez-moi de ne pas rire.
- Ah ouais... Quand même... C’est la première fois que je te vois avec un débardeur, ça me fait tout drôle.
- Il est beau mon chéri non ? Vous avez vu, je me suis amusé à lui faire de faux tatouages !
- J’admire le sens du détail. Et sinon, tu peux respirer dans ton slim ? Il est hyper serré.
- Il est nouveau ?
- Non, non, c’est le premier slim que je me suis acheté il y a six ans. C’est le slim de mes 19 ans... Vous vous rendez compte ? Ça fait cinq jours que je ne mange que de la soupe pour rentrer parfaitement dedans.
- Je confirme. Cinq jours que, par conséquent, je ne mange que de la soupe également.
- Oh pauvre chou. Comme si tu ne pouvais pas manger autre chose que ton chéri.
- C’est purement en soutien psychologique.
- Par contre, si je peux me permettre, tu aurais peut-être dû te mettre à la soupe un peu avant...
- Quoi ? J’ai l’air obèse c’est ça ? Putain... Je vais aller me changer alors.
- Mais non je déconne. Vous êtes sublimes tous les deux !
- T’es vraiment une garce Clara ! Bon, on devrait peut-être y aller non ?
- Ah, enfin une parole sensée ! En route mauvaise troupe !
- Je croyais qu’il y avait que ma grand-mère qui utilisait cette expression ! Je suis choqué.
- Et ben non Boris, il y a ta grand-mère et Norma. Allez hop on file ! »
21h05
J’en étais sûr, je l’avais bien dit. Le thème de la soirée était ‘Mauvais Garçons/Vilaines Filles’ et bien évidemment, qui étaient les quatre crétins qui avaient suivi ça à la lettre ? C’était Nous ! En arrivant au Vicomté, haut lieu de la branchitude pseudo argentée/hype de Rouen, ce fut le triste constat qui nous sauta aux yeux. Mais bon, le point positif, c’est que même comme ça, on était beaux. C’était un truc inné chez nous. Et puis, deux ou trois verres d’alcool plus tard, on ne ferait même plus gaffe aux petits regards et aux rires qui allaient avec. Nous, nous étions là pour voir Dent May and his magnificent Ukulélé et rien ni personne ne pourrait nous en empêcher. Bon d’accord, je dois bien avouer que Clara, Boris et moi ne connaissions pas du tout ce chanteur américain mais il fallait faire confiance à Norma pour dénicher les chanteurs obscurs qui allaient bien marcher par la suite.
« Vous avez vraiment envie de voir la première partie vous ? Moi je resterais bien au bar à siroter quelques kirs. Pas vous ?
- Pareil ! Par contre, pour moi ça sera whisky coca.
- Ben tu attaques fort Clara !
- Ouais, ce soir, je suis en mode bûcheronne ! Allez, c’est ma tournée ! »
Quelques verres plus tard... 21h55
« Putain ça fait du bien quand même. Picoler un bon coup, ça faisait longtemps.
- Tu devrais peut-être te calmer un peu parce qu’à ce rythme là, tu verras jamais le concert. D’ailleurs on va peut-être y aller, ça va bientôt commencer je pense.
- Quel rabat-joie celui là ! Mais attendez encore un peu. Franchement, moi j’ai bien envie de rester là.
- Oui mais nous, on a envie de voir le concert. On est venus pour ça.
- Allez Clara, viens.
- Non Simon. Je vais rester là. Je vous ai déjà raconté que la dernière fois que je suis venue ici c’était avec Pierre ?
- Tu ne vas pas recommencer Clara.
- J’avais réussi à le traîner ici. Il avait détesté. C’était cool.
- Gé-ni-al. C’est bon ?
- Excusez-moi.
- Oui ?
[Intervient alors une jeune fille qui pourrait être une de mes élèves. Elle a 17 peut-être 18. Ou bien 13, on ne sait jamais avec les adolescentes maintenant. Elle a une plume dans son chignon, du khôl à outrance. Une chemise en jean, un short, des ballerines. Elle semble troublée. Elle a l’air conne. L’alcool me rend mauvais. Elle regarde Boris. Qu’est ce qu’elle veut à mon copain ?]
- Je suis désolée de vous déranger. Mais...
- Ouais c’est clairement ça, tu nous déranges.
- Clara, calme-toi. Viens on va prendre l’air. Les mecs, on se retrouve en bas dans cinq minutes ?
- Ok, ok. Oui, donc ?
- Ça va vous sembler con mais avec ma copine [elle nous la montre du doigt. La même tête que sa copine. C’est son clone ou quoi ? Ah non, elle a dix bons kilos de plus dans chaque cuisse. Je vous l’ai dit, c’est l’alcool...] on a une grosse discussion. [Elle éclate de rire. Un rire aigu, court mais crispant. Elle remet une mèche de cheveux derrière son oreille. Mèche qui retombe aussitôt sur son visage. Elle rougit. Imperceptiblement, mais elle rougit] Je suis sûre que t’es mannequin et, je m’y connais pas mal en mannequin [A nouveau, la mèche], t’as pas fait des couvertures de magazines ?
- Euh... Non... Non, pas du tout...
- Ah ouais ? T’en es sûr ?
- Ben si j’avais fait des couvertures, je m’en souviendrais non ?
- Euh...Oui...Désolée alors. Je me sens bête.
- Mais non. Pas grave.
- T’es très beau en tout cas. Tu pourrais donc être mannequin sans problème.
- Bon, ça y est ? C’est fini ? C’est mon copain donc on arrête là !
- Ah, vous êtes ensemble ? Vraiment désolée. Enfin non...Mais...Je vous laisse...Bonne soirée...
- Toi aussi. T’es vilain quand même ! T’aurais pu lui dire que c’était toi !
- Pour avoir une groupie acnéique ! Youpi. Par contre, t’es jaloux mon chéri. Qu’est ce que tu craignais avec elle ?
- Rien, j’aimais juste pas comment elle te regardait. On aurait dit qu’elle contemplait une grosse tartine de Nutella. Ça me déplaisait.
- Tu me fais rire. Bon, et si on allait rejoindre Norma et Capitaine Caverne ?
- Ahaha. Oui allons-y. Elle est relou Clara ce soir. Pierre avait raison, elle a un souci en ce moment. »
23h30
« On ne va tout de même pas rentrer sans elle ! Où est ce qu’elle a bien pu aller ?
- Bourrée comme elle est, elle a quand même réussi à partir sans qu’on s’en aperçoive. C’est fort.
- Ouais...Elle fait bien chier quand même. Moi je serais pour la laisser dans sa merde.
- Ça serait pas sympa Simon quand même.
- Peut-être mais t’as vu comment elle nous regardait quand on s’embrassait ? Genre jalouse, dégoutée et j’en passe. Je ne l’ai jamais vue dans cet état. D’habitude, elle n’est pas comme ça quand elle bourrée. J’aurais peut-être dû mettre une veste parce qu’en débardeur, j’ai froid. Il pèle ou c’est moi ?
- Non il caille là.
- Tu veux mon blouson ?
- Tu vas te retrouver comme moi. Non laisse tomber. On n’a qu’à se dépêcher de la retrouver.
- C’est pas elle là-bas ?
- Où ça ?
- Là, Place du Vieux, près de la fontaine.
[Clara est effectivement là, elle tient une bouteille de mauvaise vodka. Elle est décoiffée, son mascara a coulé. Elle sanglote.]
- Et ben alors ! Qu’est ce que tu fous là ? Et le maquillage waterproof tu ne connais pas ?
- Oh, je m’en fous du maquillage là... J’avais besoin de prendre le frais. Je me sentais mal. J’ai vomi. Vous avez vu ? J’ai vomi là...
- Cool. Tu ne veux pas qu’on l’analyse aussi ? Allez, on rentre ? Je crève de froid.
- Rentrez. Vous inquiétez pas pour moi. J’ai envie de rester là. Un peu...
- On ne va te laisser là, toute seule. A presque minuit, Place du Vieux ! T’as envie de te faire violer ou quoi ?
- Franchement, là, je m’en fous. Ça serait même bienvenu.
- Allez viens, tu vas prendre le frais en marchant.
- Non je ne veux pas. Cette soirée est nulle de toute façon.
- Non. Elle n’est pas nulle du tout. C’est toi qui la rends nulle. Et le concert était vraiment cool.
- J’aimais pas sa tête de geek et puis, il me cassait les oreilles.
- Nous, on a bien aimé ? Hein Boris ?
- Ouais c’était très sympa.
- Oh c’est bon vous. On vous a pas sonnés ! Vous êtes tellement mièvres...
- Merci... Si t’as un problème, dis-le tout de suite. Ne tourne pas autour du pot.
- Mais non, j’ai pas de problème. C’est juste que vous m’exaspérez avec votre amour parfait. Vos belles petites gueules. Vos baisers de cinéma. Vous êtes pas réels les mecs, c’est tout. C’est pas ça la vraie vie !
- Ah bon, on n’est pas réels ? C’est nouveau ça ? Faut que tu arrêtes Clara. La frustration te rend désagréable. Je ne dirai rien de plus parce que t’es bourrée mais je n’en pense pas moins. Tu me blesses là.
- Bon c’est tout ? On ne va pas commencer à régler nos comptes là !
- Et pourquoi pas d’ailleurs ? Quitte à être la meuf chiante et casse-couilles autant l’être jusqu’au bout.
- Oh c’est bon Clara... T’es soulante là. C’est Pierre qui te met dans cet état, c’est ça ?
- Ben oui c’est Pierre ! Vous croyez quoi ? Il s’est barré comme un connard. Et moi je suis là toute seule alors que c’est avec lui que je devrais être ! J’ai envie de mourir.
- T’avais qu’à le retenir.
- Il serait pas resté. Tu le sais très bien Norma. Joue pas à la conne.
- Tourne la page alors. Et puis trouve-toi un autre mec ! Il y en a d’autres à Rouen quand même !
- Des comme Boris c’est ça ?
- Bon, d’accord, je ne dis plus rien.
- Moi c’est Pierre que je veux. C’est tout. »
11/09/09 – 1h40
Le retour fut tout sauf une partie de plaisir. Tous les vingt mètres, Clara nous demandait de nous arrêter. « Je vais vomir. Je le sens. Putain, je suis vraiment trop conne... ». Et tous les vingt mètres, elle ne vomissait pas. J’étais frigorifié. Au delà de ça même. On aurait pu inventer un nouveau mot pour mon état. Mes os étaient devenus des Mister Freeze. Finalement, je regrettais d’avoir refusé une bonne dizaine de fois le blouson de Boris. Et le silence. Un silence. Lourd. Je savais que Clara regrettait ce qu’elle avait pu dire. Même si pour le moment, tout devait être très flou dans son esprit. Je lui en voulais aussi. Est-ce que j’étais devenu ça pour elle ? Juste un type qui semblait avoir une vie parfaite ? Le genre de mec qui se contrefout des autres du moment que son bonheur est assuré ? Norma pensait-elle ça aussi ? Est-ce que c’était la seule image que je renvoyais ? L’alcool lui avait fait dire ce qu’elle mourrait d’envie de dire depuis des semaines. Elle ne me connaissait pas en fait. Elle m’avait déçu et, comme souvent lorsque j’étais déçu, j’allais mettre de la distance entre nous. Inconsciemment sans doute mais lentement et sûrement. Dommage... Mais, j’aurais bien trop peur de l’éclabousser encore une fois avec mon idylle dégoulinante.
« Allez Clara, encore un dernier effort. On arrive rue de la Rép’ là.
- J’en peux plus. Je vais rester là, je crois. Venez me rechercher demain matin.
- Mais oui ! On te laisse là entre les deux conteneurs ?
- Ouais, c’est parfait.
- Non mais sérieux, tu crois qu’on va te laisser là ? Allez encore cinq minutes et c’est bon.
- Je peux plus marcher là. Je vous jure, c’est impossible.
- Tu veux que je te porte ?
- Oui.
- Non mais attends Clara ! Tu peux marcher quand même !
- Non, non, je peux pas. Boris va me porter.
- Tu exagères sérieusement.
- T’es juste jalouse.
- Par contre, évite de me dégueuler dessus.
- T’inquiète. Putain, t’es fort en fait.
- Oui t’as vu ? En plus d’être parfait avec sa belle petite gueule, il est fort mon mec !
[Pas de réponse. Aucune réaction...]
- Déjà 2h moins le quart. Le réveil va être dur demain...
- Tu prends le train à quelle heure ?
- Vers 7h. Ou même avant... Je ne sais plus l’heure exacte.
- C’est con. Moi aussi je vais à Paris demain mais je prends le train de 9h50.
- Tu y vas pour quoi ? Chercher des affaires ?
- Non, inscription à la fac. Je suis pas motivé.
- Si t’es libre, on peut déjeuner ensemble demain midi. J’ai ma pause vers 13h.
- Ben ouais carrément. Si je ne vois pas mon père, il n’y a aucun de problème.
- Et toi Simon, tu commences à quelle heure ?
- 8h30. Mais franchement je ne sais pas si je vais y aller. Je crois que j’ai choppé la crève. Je rêve ou Clara s’est endormie ?
- Non elle dort. Elle n’a pas l’air comme ça mais elle pèse son poids. Heureusement qu’on arrive.
- Mon dieu tu ne serais donc pas aussi parfaitement fort !
- Oh c’est bon Simon ! Tu ne vas pas ressasser ça pendant des siècles ! Elle était bourrée !
- Peut-être, mais ça n’excuse pas tout... ça serait trop facile... Et puis dans le genre rancunière, t’es la championne alors essaye de me comprendre un peu. Elle m’a vraiment blessé ce soir.
- Norma a raison, l’alcool fait dire pas mal de conneries.
- Toi aussi tu t’y mets. Cool... Bon ben allez border la harpie, moi je rentre me coucher... »
2h10
Pendant deux minutes, j’ai hésité entre une grande tasse de thé et une bonne douche. J’avais à tout prix besoin de me réchauffer. Même un cadavre devait être plus chaud que moi en cet instant. La douche l’emporta. Au pire, s’il le fallait je me ferais un thé par la suite. Au moment où l’eau commença à couler, Boris entra dans la salle de bains, nu comme un ver.
« C’est le seul moyen que tu as trouvé pour te faire pardonner ? Arriver à poil ?
- Me faire pardonner de quoi ? Faut pas en vouloir à Clara, elle n’était pas en forme. Ça s’est bien vu, non ?
- Ce n’est pas une raison pour dire des trucs aussi injustes et désagréables. Si ça ne t’a pas blessé toi, tant mieux.
- Je pense que ce n’est pas la peine d’en faire tout un plat. Mets un peu d’eau sur moi, tu prends tout là.
- J’ai froid, excuse-moi. J’ai passé toute ma soirée en débardeur ! Et puis oui j’en fais tout un plat parce que ça commence comme ça et puis la prochaine étape c’est quoi ?
- Mais il n’y aura pas de prochaine étape. C’était des paroles en l’air, voilà tout. Elle s’en souviendra même plus demain.
- Non. Je suis désolé mais non. J’ai tendance à croire que l’alcool délie les langues plus qu’il ne fait dire des conneries. Je vois le tableau direct moi. Je serai bientôt exclu de toutes les conversations sous prétexte que moi et ma vie parfaite, nous ne pouvons pas comprendre. A quoi bon raconter ses problèmes à Simon puisqu’il vit sur la planète des Télétubbies !
- Tu exagères !
- Et enfin, le jour où j’aurai des problèmes, et ben ce jour-là, on me balancera à la gueule que je ne devrais pas me plaindre, que je n’ai aucune raison valable. En gros écrase-toi Simon !
- Je crois vraiment qu’elle n’ira jamais jusque là.
- Moi, j’en ai peur. Et ça me rend vraiment triste. Faudrait que je fasse quoi ? Que je me repentisse d’être avec toi ? Que chaque jour que Dieu fait je me flagelle pour rendre grâce au Ciel ? »
3h
La chaleur du corps de Boris finit par me réchauffer...
J’ouvris les yeux à peine deux minutes avant que Boris ne franchisse la porte. Mon nez me piquait toujours autant mais mon mal de tête avait miraculeusement disparu. Boris avait une mine épouvantable. Il était pâle, cerné et avait un je ne sais quoi en plus. « Ça va mon chéri ?
- J’ai connu mieux.
- Qu’est ce qu’il y a ? Ça s’est mal passé à la fac ?
- Non ça, ça a été. C’est mon père...
- Il t’a encore pris la tête c’est ça ?
- Si c’était que ça. En gros, il a réfléchi et vu que je veux prendre mon indépendance, ici à Rouen et bien il me coupe les vivres. Il ne me donnera plus d’argent. Résultat, tu vis désormais et officiellement avec un putain de parasite... »
Je le pris dans mes bras et lui dis que ce n’était pas si grave. Il pleurait. C’était la première fois que je le voyais pleurer. Ça me faisait bizarre. Et là, je faisais quoi ? Je descendais voir Clara et je lui disais qu’en fait le conte de fées s’était transformé en une banale histoire comme des millions de gens en vivaient jour après jour ? Non. Autant ne pas lui faire ce plaisir...